Parti justicialiste

Le Parti justicialiste est un parti politique argentin fondé en 1945 par le général Juan Domingo Perón, qui est reconnu à ce titre comme le parti officiel du péronisme, quoique d'autres organisations aient pu se revendiquer, au cours de l'histoire, de cette appellation.



Catégories :

Membre du parti justicialiste - Parti politique argentin - Parti politique de centre gauche - Parti politique démocrate-chrétien - Parti politique fondé en 1945 - Péronisme


Le Parti justicialiste (Partido Justicialista) est un parti politique argentin fondé en 1945 par le général Juan Domingo Perón, qui est reconnu à ce titre comme le parti officiel du péronisme, quoique d'autres organisations aient pu se revendiquer, au cours de l'histoire, de cette appellation (surtout le Partido Peronista Auténtico ou les Montoneros). Il est membre de l'Organisation démocrate-chrétienne d'Amérique, de la COPPPAL et membre observateur de l'Union des partis latino-américains. C'est le parti de l'actuelle présidente de la République argentine, Cristina Fernández de Kirchner.

Le Mouvement national justicialiste (1955-1966)

La dictature catholique-nationaliste du général Aramburu, qui remplaça par une révolution de palais le général Lonardi trois mois après le coup d'Etat de 1955, dit de la Revolución Libertadora , dissout le Parti justicialiste par le décret n°3855/55, puis, le 5 mars 1956, interdit toute «affirmation idéologique ou propagande péroniste», proscribant jusqu'au nom même de Perón (décret-loi n°4161   (es) ). La brève tentative «néo-péroniste» de Lonardi, visant à intégrer le péronisme au régime en donnant des gages à la classe ouvrière, pour mieux couper l'herbe sous le pied du général et l'exclure définitivement de la scène politique, était ainsi désavouée par les secteurs les plus conservateurs appuyant Aramburu, qui refusèrent toute concession au mouvement ouvrier.

L'exclusion du péronisme et la dissolution du Parti ne suffit cependant pas à éradiquer le mouvement péroniste, qui non seulement perdura de 1955 à 1972, mais parvint même à gagner de nouvelles voix ainsi qu'à renouveler ses adhérents et ses cadres, suivant en cela la politique du «transvasement générationnel», permettant à Perón, devenu, avec Evita, un véritable mythe, d'accéder une troisième fois à la présidence en étant massivement élu en septembre 1973.

La «Résistance péroniste» se met ainsi en place dès 1956, avec le soulèvement du général Juan José Valle   (es) en 1956, violemment réprimé   (es) , puis la création de la Jeunesse péroniste en 1957. La structure partidaire du péronisme laissait cependant la place au mouvement syndical, progressivement devenu hégémonique [1]. Dans les années 1950, le mouvement ouvrier péroniste se divisa essentiellement entre une tendance légaliste, représentée par la CGT d'Augusto Vandor   (es) , et une tendance dite de la «Résistance péroniste».

Au cours des années 1950, John William Cooke   (es) , bras droit de Perón, décide d'aller avec le courant et d'utiliser cette opportunité légale «comme moyen» [2]. La nouvelle tactique combine ainsi légalité et violence, avec un «horizon insurrectionnel» et , comme but ultime, le retour de Perón [2].

Progressivement, la majorité du péronisme syndical, surtout dans les grandes organisations, se concentra sur les objectifs de lutte économique - le climat de la dictature étant spécifiquement défavorable aux intérêts des travailleurs - quitte à perdre de vue les objectifs politiques (i. e. le retour de Perón) [2]. La ligne participationniste de Vandor, qui lance le slogan d'un «péronisme sans Perón», disputant ainsi la direction du Mouvement au général lui-même, devient majoritaire au sein du mouvement ouvrier dans les années 1960 [2].

Privé de parti, le «Mouvement national justicialiste» n'en continua pas moins à exister tant quoique mal, avec à sa tête le Conseil supérieur du Mouvement, organe de direction créé en août 1958 [1] et répondant directement à Perón. Le mouvement tenta plus ou moins de se structurer en parti, malgré l'interdiction d'utiliser le sigle justicialiste ou le terme de péronisme, lors des élections législatives de 1962 [1], qui aboutirent à une victoire électorale de l'Union populaire   (es) , cryptopéroniste et dirigé par Juan Atilio Bramuglia   (es) . Suite à cette victoire, qui voit surtout l'élection du péroniste Andrés Framini   (es) comme gouverneur de la province de Buenos Aires, un putsch militaire renversa dix jours plus tard le président radical Arturo Frondizi, lui-même élu en 1958 grâce aux voix péronistes, et annula les élections. Une nouvelle tentative de structuration partidaire du péronisme eut lieu pour les élections législatives de 1965, tenues à nouveau sous la bannière de l'Union populaire crypto-péroniste, qui remporta 1/3 des voix.

L'échec de la dictature d'Onganía (1966-1972)

Cependant, l'année suivante, le troisième coup d'Etat militaire argentin, auto-proclamé de la «Révolution argentine » (1966), porta au pouvoir une dictature militaire, dirigée par le général Onganía, qui décida de dissoudre toute vie politique et visait à l'élimination complète du dispositif des partis [1].

Jorge Paladino, délégué personnel (1968-1971)

Ricardo Balbín   (en) , Horacio Thedy (co-listier du général Aramburu aux élections de 1963), Jorge Daniel Paladino, délégué de Juan Perón, en 1971, au moment où se négocie la Hora del Pueblo   (es) .

Le général Perón désigna alors, en 1968, Jorge Daniel Paladino comme secrétaire général du Mouvement, qui devint, l'année suivante, son délégué personnel, transmettant ses ordres depuis Madrid [3].

Parallèlement, les organisations de la Jeunesse péroniste (JP) et des «formations spéciales» du péronisme, c'est-à-dire les groupes armés constitués pour lutter contre la junte militaire, après avoir effectué le constat selon lequel grèves et manifestations ne suffisaient plus à faire plier celle-ci, prirent une influence croissante, aux côtés du syndicalisme péroniste [1]. Celles-ci incluaient par exemple le Mouvement révolutionnaire péroniste de Gustavo Rearte, fondateur de la JP en 1957, les Forces armées péronistes (FAP), les Forces armées révolutionnaires (FAR) ou les Montoneros. D'autre part, le courant syndical péroniste se divise, avec la création de la CGTA de Raimundo Ongaro   (es) et d'Agustín Tosco   (es) , hostile aux négociations avec les militaires (gorilas   (es) [4]), et qui participa surtout au Cordobazo (1969), premier de nombreux soulèvements qui marquent l'échec de la dictature.

Un nouveau Conseil supérieur du Mouvement national justicialiste (MNJ) fut appelé en octobre 1970, reflétant le désir du général exilé d'entamer des négociations avec la junte militaire affaiblie par son incapacité à faire face à la situation économique et sociale [1]. Ce dernier était composé de Perón lui-même et de sa troisième femme, María Estela Martínez de Perón, au Comando estratégico; de Jorge Paladino, délégué personnel et secrétaire général du MNJ; de Roberto Ares   (es) , Adolfo Cavalli   (es) , Eloy Camus   (es) , Remo Costanzo   (es) , Juana Larrauri, Luis Ratti   (es) , Fernando Riera et Julio Romero   (es) , comme secrétaires du Conseil [1].

Paladino était le principal canal de discussion entre Perón et le général Lanusse, au pouvoir à partir de 1971, surtout lors des négociations concernant le Gran Acuerdo Nacional par lequel Lanusse et son ministre de l'Intérieur, le radical Arturo Mor Roig   (es) , essayaient de se concilier Perón et d'engager une transition démocratique. Entamées par la mission du colonel Francisco Cornicelli, appelé de façon secrète par Lanusse pour initier les négociations avec Perón en avril 1971, celles-ci se poursuivirent avec la nomination du brigadier Jorge Rojas Silveyra   (es) , antipéroniste notoire, comme ambassadeur en Espagne. La junte proposa alors de réhabiliter le général, tout en souhaitant trouver un candidat non membre d'un parti pour réunir les suffrages d'une élection à venir - peut-être Lanusse lui-même (ce projet échoua). C'est ainsi le brigadier Rojas Silveyra qui rendit le corps d'Eva Perón, enterré clandestinement en Italie avec l'assistance du Vatican, au général Perón.

Dans le même temps, la loi organique sur les partis politiques du 1er juillet 1971 organisait les règles internes des partis, prévoyant une période de transition d'une année, pendant laquelle serait élus les représentants des partis, processus qui aboutirait à la légalisation, sous condition, de ces partis [1]. En septembre 1971, Lanusse annonça des élections générales pour mars 1972, sans préciser si Perón lui-même pourrait se porter candidat. Paladino créé ainsi les Juntas Promotoras de Reorganización Partidarias, aspirant à être les courroies de transmission entre la direction du Mouvement et les comités de base du péronisme [1].

Bien que délégué personnel de Perón, Paladino était cependant contesté tant par la gauche péroniste (la JP) que par le mouvement syndical péroniste (Lorenzo Miguel   (es) et José Ignacio Rucci   (es) ) [1], qui lui reprochaient son excessive docilité vis-à-vis de Lanusse, disant qu'il semblait fréquemment être davantage le représentant de Lanusse lui-même que de Perón. Ne sachant s'il pourrait se présenter candidat, ce dernier décida d'appeler la CGT à faire grève générale, le 29 septembre 1971, pour mettre la pression sur la junte et aussi d'embarrasser Paladino et les secteurs péronistes mettant une confiance excessive dans le «Grand accord national».

Héctor Cámpora, délégué personnel (1971-1973)

Perón durcit progressivement ses conditions fin 1971, jusqu'à remplacer en novembre Paladino par Héctor J. Cámpora, dentiste de profession, venant du conservatisme mais ayant une longue expérience de militantisme dans le péronisme et dont la principale qualité politique était la loyauté inconditionnelle vis-à-vis du caudillo. De plus, en nominant un péroniste de gauche (ses deux fils militaient dans la JP et étaient proches des Montoneros, alors que deux de ses amis, Esteban Righi   (es) et Jorge Vásquez, étaient aussi péronistes de gauche), Perón faisait pencher la balance vers les secteurs les plus intransigeants envers la dictature [5]. Dans le même temps, il encourageait les Montoneros à plus de violence [5]. Avec Cámpora, le processus de «normalisation du Parti» aboutit à son terme, en même temps que les violences intestines s'exacerbent, et ce dès le 8 novembre 1971, avec la fusillade de la rue Chile : le «groupe Cóndor», dirigé par Alejandro Giovenco   (es) , occupa alors le QG du Conseil supérieur, pour protéger un groupe de femmes strict la démission de Juana Larrauri et défendant Paladino. Un autre groupe péroniste, dirigé par Brito Lima   (es) et Norma Kennedy   (es) , appuyant la nomination de Cámpora, reprit le QG par la force, l'affrontement se soldant par la mort d'un militant du Comando de Organización (CdO, extrême-droite péroniste) [1].

En même temps que Cámpora devenait le nouveau délégué personnel de Perón, et dirigeant du dit Comando Táctico du Mouvement [1], le Conseil supérieur justicialiste fut totalement rénové le 27 novembre 1971 [1], le général y nommant Rodolfo Galimberti   (es) , co-fondateur de la Juventud Argentina para la Emancipación Nacional (JÆN), qui travaillait étroitement avec les Montoneros. Galimberti et Francesco Licastro   (en) devinrent ainsi les représentant officiels de la Jeunesse péroniste, mouvement de masse qui obtenait ainsi sa consécration officielle comme «quatrième branche» du péronisme [1], aux côtés des syndicats ouvriers et des politiques, au sein du péronisme. Par cette nomination, le général appuyait les «formations spéciales» du péronisme (FAP, FAR, Montoneros, groupe auquel Galimberti adhéra ensuite, etc). Selon son habitude, Perón équilibra cependant cette nomination en faisant aussi entrer au Conseil supérieur des membres de la droite péroniste. Jorge Gianola   (es) devenait le nouveau secrétaire général; Eloy Camus, Adolfo Cavalli, Luis Ratti et Juana Larrauri demeurant en place, tandis qu'entraient aussi Héctor Sáinz   (es) . Plus tard, Jorge Osinde   (es) , José Ignacio Rucci   (es) , Miguel Lorenzo   (es) et Alejandro Díaz Bialet   (es) furent aussi appelés secrétaires [1]. Les derniers partisans de Paladino furent expulsés du Conseil en janvier 1972, Héctor Farmache   (es) et Ema Tacta de Romero   (es) faisant leur entrée [1].

L'année 1972 fut ainsi consacrée à la «normalisation du Parti justicialiste», légalisé fin janvier 1972 [1], c'est-à-dire à sa reconstruction comme force politique organisée, «cohérente», apte à jouer un rôle important sur la scène argentine, surtout en tissant des alliances avec d'autres partis, processus qui avait commencé dès 1970 avec la Hora del Pueblo   (es) , dirigé du côté péroniste par Paladino et Benito Llambí et du côté radical par Ricardo Balbín   (es) . Le Congrès national du Parti justicialiste se tint le 25 juin 1972, Cámpora répartissant alors, conformément aux ordres de Madrid, la direction du mouvement entre les différentes branches (syndicale, politique, féminine, jeunesse) [1]. La branche syndicale ambitionnait alors à l'obtention du secrétariat général, et s'opposait à la gauche (JP) dont elle contestait sa sur-représentation supposée. Le Conseil national du PJ fut ainsi constitué : Perón, à la présidence; María Estela Martínez de Perón, première vice-présidente; Héctor Cámpora, second vice-président; Horacio Farmache   (es) , secrétaire général; Oscar Bidegain, Santiago Díaz Ortíz   (es) et Celestino Marini   (es) , secrétaires de la branche politique; Esther Fadul de Sobrino   (es) , Nedila de Miguel   (es) et Norma Kennedy   (es) , pour la branche féminine; et Ernesto Jauretche   (es) , Leandro Maisonave   (es) et Jorge Llampart   (es) pour la Jeunesse [1]. Trois postes demeuraient libre en attente des nominations syndicales [1]. La période suivante fut marquée par l'affrontement entre la branche syndicale d'un côté, et la branche politique et juvénile de l'autre [1].

Le 7 juillet 1972, Lanusse, qui avait fait face au jeu péroniste en réprimant violemment les guérillas, tout en accordant des augmentations de salaire, annonça subitement que Perón pourrait se porter candidat, mais uniquement s'il rentrait en Argentine avant le mois d'août («clause du mois d'août»). Le caudillo déclara qu'il ne se laisserait pas dicter les conditions, alors que le Mouvement lança une campagne Luche y Vuelve («Luttez et Reviens!»). C'est à ce moment que Juan Abal Medina, le frère du Montonero abattu en 1970 par la police après avoir participé à la séquestration du général Aramburu, entra au secrétariat du Conseil national du PJ, avant d'en devenir, à 26 ans, le secrétaire général (1971-1972) [6]. Certains auteurs [5] ont reconnu qu'il s'agissait là d'un gage donné à la gauche péroniste, à cause de ses origines familiales. Cependant, disciple du nationaliste Marcelo Sanchez Sorondo, Juan Abal Medina était non seulement ami de Rucci et de Lorenzo (droite péroniste), mais était aussi étroitement lié aux militaires nationalistes qui avait organisé la tentative de coup d'Etat d'Azul et d'Olavarría du 8 octobre 1971 [1], [6] : par là, Perón tentait aussi de se concilier certains secteurs de l'armée (plusieurs décennies plus tard, Juan Abal Medina s'auto-qualifiait, rétrospectivement, d'«à moitié facho» [6]).

A la surprise de Lanusse, Perón rentra le 17 novembre 1972, en compagnie d'Isabel et de José López Rega, les trois devenant à ce moment le triumvirat dirigeant du Mouvement péroniste [5]. Le FREJULI (Frente Justicialista de Liberación Nacional), une coalition électorale, fut constitué le 12 décembre 1972 [1], et le général quitta quelques jours après l'Argentine, rencontrant en Uruguay le dictateur Alfredo Strœssner, et laissant une enveloppe, dans laquelle il annonçait que sa propre candidature serait reçue comme une provocation de trop par les militaires, et nommant, à sa place, Héctor Cámpora, avec comme co-listier Vicente Solano Lima [5]. Malgré la réticence de la branche syndicale dirigée par Rucci, cette candidature fut acceptée, suite au ralliement étonnant de Lorenzo Miguel, par le Congrès du PJ le 15 décembre 1972 [1].

Le Parti justicialiste de 1972 à 1983

Interdit après le coup d'Etat militaire et catholique-nationaliste de 1955 (la dite «Revolución Libertadora   (en) »), il fut autorisé à nouveau en 1972. Le Partido Peronista Femenino   (en) , qui avait constitué durant les années 1950 un parti exclusivement féminin, dirigé par Eva Peron, et auquel était réservé 1/3 des sièges gagnés par le mouvement péroniste, ne fut pas reconstitué à cette date — mais la règle d'1/3 des sièges aux femmes gagnée par les péronistes fut conservée.

Les élections de mars 1973

Article détaillé : Elections de 1973 (Argentine) .

Le Parti remporte haut-la-main les élections de 1973, portant Héctor Cámpora (péroniste de gauche) à la présidence. Cependant, la normalisation du Parti ne s'est pas faite sans difficultés : de nombreux conflits internes ont eu lieu, surtout entre la branche syndicale et la branche juvénile et politique. A Chivilcoy (province de Buenos Aires), par exemple, les conflits vont si loin que le syndicaliste de l'UOM   (es) , Luis Bianculli, ancien chauffeur de Rucci   (es) , est assassiné par la JP [1]. Perón et son délégué personnel Cámpora eux-mêmes n'ont laissé, selon l'historien Juan Ladeuix, que peu de place aux syndicalistes, ne leur laissant que certains postes de vice-gouverneurs dans certaines provinces [1]. Cependant, le sociologue Alain Rouquié signalait dès 1974 que 46 des 145 députés nationaux et 8 des 37 gouverneurs ou vice-gouverneurs élus du FreJuLi étaient syndicalistes [7]. Quelquefois confronté à plusieurs listes concurrentes, le PJ a pu décider, en certains cas, d'appeler à voter blanc plutôt que d'arbitrer entre ces conflits [1]. En outre, Cámpora n'inclut qu'un seul syndicaliste parmi les huit porte-feuilles ministériels [1].

La démission de Cámpora et les élections de septembre 1973

Mais ce dernier démissionne peu de temps après le massacre d'Ezeiza, qui marque en juin le retour de Perón et au cours duquel des snipers de l'extrême-droite péroniste tire sur la foule, principalement composée de membres des Jeunesses péronistes (JP). Il est remplacé en juillet 1973 par le président par intérim Raúl Alberto Lastiri, péroniste et beau-fils du ministre José López Rega, puis, après les élections de septembre, par Juan Perón lui-même.

L'aile droite du Parti l'emporte alors nettement sur la «Tendance révolutionnaire» du mouvement, incarnée par la JP. Après la mort du général, le 1er juillet 1974, sa femme, Isabel, assume le pouvoir, avec à ses côtés l'éminence grise José Lopez Rega, qui finance par son ministère la Triple A, un escadron de la mort qui décime les structures du péronisme de gauche en organisant attentat sur attentat. Des dissidents, dont des gouverneurs péronistes, fondent alors le Parti péroniste authentique, alors que les Montoneros plongent dans la clandestinité totale. La «guerre sale», déjà entamée, débouche bientôt sur le coup d'Etat de mars 1976, qui installe à nouveau une junte au pouvoir, laquelle systématise la politique d'extermination de l'opposition politique et sociale.

Le justicialisme du retour de la démocratie à Menem

Tag d'appui au «kirchérisme», réalisé par le groupe JP Evita et Sabino Navarro. Photo de mars 2009.

Après la guerre des Malouines qui précipite la chute de la dictature et les élections de 1983, remportées haut la main par l'Union civique radicale (UCR), Raúl Alfonsín défaisant le candidat présidentiel justicialiste, Ítalo Luder, le Parti justicialiste se réorganisa, éloignant surtout certains péronistes de droite, tels que Herminio Iglesias   (es) , candidat à la gouvernance de Buenos Aires en 1983, qui avait brûlé à la fin de la campagne de 1983 un cimetière recouvert d'un drapeau de l'UCR, suscitant l'indignation publique, ou encore Vicente Saadi   (es) . Cependant, Isabel Perón restait habituellement la dirigeante du mouvement, alors que le syndicaliste de l'UOM, Lorenzo Miguel   (es) , conservait le pouvoir de fait [8].

Le courant «réformateur» se manifesta lors du Congrès au Teatro Odeón du 15 décembre 1984 [8]. Il était dirigé par Carlos Grosso   (es) , José Manuel de la Sota   (es) , Carlos Ruckauf   (es) , José Luis Manzano   (es) , José Octavio Bordón   (es) , Carlos Menem et Antonio Cafiero   (es) , qui devient gouverneur de Buenos Aires en décembre 1987 et président du Conseil national du justicialisme [8]. Mais l'année suivante, Cafiero et son co-listier de la Sota perdirent les primaires face à Menem et Eduardo Duhalde, qui devinrent les candidats officiels du PJ pour l'élection présidentielle, remportées par ces derniers.

Les Menem trucho   (es) , des simulacres de billets distribués par le président justicialiste Carlos Menem pour vanter sa politique économique... Quelques années plus tard, l'Argentine entrait dans l'une des crises les plus graves de son histoire, conduisant à la démission du président péroniste Eduardo Duhalde.

Selon plusieurs critiques, les réformateurs, surtout après la défaite de Cafiero, profitèrent du peu de participation de la base pour mettre en avant un programme néolibéral qui tendait, sinon à achever, du moins à vider de tout contenu réel - pour tout autant que ce dernier en ait eut un, de contenu univoque [9] - le péronisme. Plusieurs anciens membres de l'Organización Única del Trasvasamiento Generacional (OUTG) participent à ce courant réformateur. Le tournant néolibéral, sans parler de la corruption de Menem, élu président de la République en 1989 et ré-élu après une réforme de la Constitution, en 1994, suite au pacte de l'Olivo avec l'UCR, conduit à plusieurs scissions, dont la création, en 1993, du Partido de la Solidaridad, influencé par l'expérience polonaise de Solidarnosc et particulièrement proche du catholicisme.

Dans les années 1990 et 2000, y compris après la crise de 1998-2001 et le cacerolazo , plusieurs tentatives furent faites pour recréer la Jeunesse péroniste, mais aucune ne parvint à regrouper la totalité des organisations de jeunesse péronistes, toutes se limitant à suivre un courant ou un autre du Parti justicialiste.

Sous Nestor Kirchner, un ex-militant de la JP élu président de l'Argentine en avril 2003, le PJ amorça un processus de modernisation, impliquant tout à la fois un virage vers le centre-gauche, pour se former en bloc d'opposition comparé à un centre-droit [8] - conduisant à plusieurs scissions, ménémistes, etc. - et une démocratisation interne du parti (instauration de processus électoraux, etc. ), acceptée par de hauts responsables tels l'ex-sénateur Antonio Cafiero   (es) (bien que ce dernier refuse d'imiter un parti espagnol, que ce soit le PSŒ, proposé par Kirchner [8], ou le Parti populaire [10]). Ainsi, il envoya en 2004 sa femme, Cristina, essayer de négocier une nouvelle direction du parti au Congrès de 2004, à Parque Norte [8]. Ce fut un échec, surtout après des tensions entre Cristina Kirchner et Hilda Duhalde   (es) , la femme d'Eduardo Duhalde, lui-même prédécesseur de Kirchner à la présidence argentine [8].

En 2008, Néstor Kirchner, qui laissa la place après les élections présidentielles d'octobre 2007 à sa femme Cristina, devint président du Parti, et y créa le Secrétariat à la Jeunesse, dont la création avait été plusieurs fois proposée et repoussée. Ce dernier est dirigé par Juan Cabandié, un militant né dans les locaux de l'ESMA (école militaire), ayant été l'un des bébés kidnappés de la dictature, qui ne rencontra ses parents réels, des militants assassinés, qu'à l'âge de 26 ans.

Après le faible score justicialiste aux législatives de juin 2009   (es) , Néstor Kirchner proposa sa démission de la présidence du Parti, ce qui fut refusé le 10 novembre 2009 par le Conseil national justicialiste [11].

Notes et références

  1. Juan Ladeuix, Introducción : el GAN y la normalización del Partido Justicialista, sur le site de l'Université nationale du général San Martín   (en)
  2. Marcelo Raimundo, En torno a los orígenes del peronismo revolucionario. El Movimiento Revolucionario Peronista. (1964-1966) , 17 p., sur le site de l'Université nationale de Cuyo
  3. Jorge Daniel Paladino, ex delegado personal de Perón, El Pais, 20 novembre 1984
  4. Gorilas est le sobriquet des antipéronistes, et de la droite généralement; à l'origine ce terme fut revendiqué, après 1955, par les antipéronistes eux-mêmes. Voir EE. UU.  : murió Aldo Cammarota, Clarín, 1er mars 2002]
  5. Paul H. Lewis (2002), Guerrillas and generals : the "Dirty War" in Argentina, p. 77-79
  6. Habla Juan Manuel Abal Medina; Recuerdos de la muerte, Clarin, 7 avril 1996
  7. Alain Rouquié, «», in Revue française de science politique, 24e année, n°3, 1974. pp. 469-499.
  8. Nicolás Tereschuk, Kirchner va por un "nuevo" justicialismo, La Arena , sur Rebelion. org, 22 janvier 2008 (2 p. )
  9. Voir la thèse récente d'Ernesto Laclau, qui compare le péronisme à un «signifiant vide», lequel fait l'objet d'affrontements politiques et idéologiques pour lui donner un contenu effectif (E. Laclau, La razón populista, FCE, Buenos Aires, 2005 (version fr.  : La Raison populiste, Paris, Seuil, 2008. Compte-rendu par Evelyne Grossman dans La Vie des idées, Vous avez dit «populisme» ?, 19 mai 2008. Voir aussi Marc Saint-Upéry, Margot Geiger, Argentine : le retour à la normale, 17 nov. 2006 (initialement publié en français dans Mouvements, n°47/48, septembre-décembre 2006. )
  10. Antonio Cafiero   (es) , El justicialismo no imita a nadie, El Clarin, 6 décembre 2007
  11. Kirchner regresa a la presidencia del Partido Justicialista, La Gaceta , 11 novembre 2009

Liens extérieurs

Recherche sur Google Images :



"Argentine - Parti"

L'image ci-contre est extraite du site perspective.usherbrooke.ca

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (446 x 410 - 11 ko)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_justicialiste.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 10/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu