Jacobinisme

Le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française.



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Groupe politique de la Révolution française - Idéologie

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Définitions :

  • jacobins - À la Révolution, surnom donné aux membres d'une société politique établis dans un ancien couvent de jacobin (hospice pour les pèlerins de ... (source : pagesperso-orange)

Le jacobinisme est une doctrine politique qui défend la souveraineté populaire et l'indivisibilité de la République française. Il tient son nom du club des Jacobins parisien dont les membres, issus du mouvement du jansénisme parlementaire, s'étaient établis au cours de la Révolution française dans l'ancien couvent des Jacobins.

Origine du Club des Jacobins

Dès les tous premiers jours de juin 1789, avant que les trois ordres ne soient toujours réunis en un corps délibérant, une société de pensée regroupa des délégués du tiers état qui se réunirent lors de la rédaction des cahiers de doléances. Elle a pris le nom de Club Breton car elle est animée par plusieurs députés issus du parlement de Bretagne, mais également d'Armand Le Camus, Guillotin, Isaac Le Chapelier, tous trois signataires du cahier de doléances de Paris. L'action du Club breton se limite à discuter des affaires en cours avant les débats à l'Assemblée et se définit concrètement dans l'homogénéité des votes que vont émettre les députés du Tiers qui cessent par son entremise d'être une cohue pour devenir un parti.

Après les Journées d'octobre (5 et 6), la Société s'installe au couvent des Jacobins St Honoré et prend le nom de «Société des amis de la Constitution». Débute alors véritablement l'histoire du Club. On a l'habitude de diviser cette histoire en trois périodes (selon Michelet), certains historiens comme Claude Mazauric refusent cette périodisation car elle correspond trop aux trois Assemblées successives (Constituante, Législative et Convention). Ce qui est important, c'est de voir l'évolution de la Société dans le temps et comment elle en est venue à diriger politiquement le pays.

Lorsque la Société s'installe dans le couvent des Jacobins, elle regroupe 200 députés de tendances diverses. Son premier président est le député breton Isaac Le Chapelier, on retrouve aussi ce qui va former le triumvirat Barnave, Duport, les frères Lameth et des députés de la gauche comme Robespierre.

Elle siège à huis clos dans la bibliothèque des Jacobins. Ce qui va faire la force de cette Société, ce qui va la rendre dangereuse pour l'Assemblée constituante, c'est que d'emblée, elle entend se comporter comme la cellule mère de tout un essaim de groupements identiques dont chaque ville de province doit posséder sa réplique en une organisation calquée au plus près sur la sienne. Elle se présente peu après sa fondation comme centre d'élaboration d'idées et le moteur d'action des velléités temporisatrices de l'Assemblée constituante.

En août 1790, les Sociétés Provinciales affiliées sont au nombre de 152, ce qui crée un véritable réseau.

Évolutions du terme et du concept : de la Terreur au centralisme

Les Jacobins et leur idéologie se confondent avec la Terreur et la dictature de Salut Public (de 1793 au printemps 1794). C'est en partie cette correction entre jacobinisme et dictature de Salut Public qui a entretenu la légende jacobine après la disparition du Club lors de la réaction thermidorienne. Aux XIXe et XXe siècles, jacobinisme est synonyme de dictature révolutionnaire, dictature de la liberté.

Cette idéologie est rejetée par les libéraux alors que les républicains, au contraire, vont puiser à cette source et se référeront toujours aux grands ancêtres jacobins.

Après l'installation de la République en 1880, le jacobinisme entre dans le patrimoine national mais ce n'est plus qu'un jacobinisme adapté consensuel.

Le jacobinisme fait partie des concepts problématiques de la Révolution française, on ne peut comprendre cette période si on n'étudie pas ce qu'était le jacobinisme, qui furent les Jacobins et quelles furent leurs actions.

Plus tard, et actuellement, le jacobinisme renvoie à une conception centralisatrice de la République française, faisant de Paris le lieu essentiel d'exercice du pouvoir, à la différence de ce qui existe dans les pays fédéralistes ou qui du moins ont fait de fortes dévolutions de pouvoir aux entités régionales et locales. Le terme jacobinisme est par conséquent fréquemment utilisé actuellement, par glissement de sens, comme synonyme de centralisme. Voir aussi parisianisme

Doctrine

Leurs idées sont modérées au départ, en effet les membres de la Société préconisent une monarchie constitutionnelle libérale mais non démocratique (les Jacobins sont tous des citoyens actifs, des bourgeois qui paient une cotisation élevée : 24 francs). Leurs positions, cependant, ont tendance à se durcir ensuite fin 1790 début 1791. Face à une contre-révolution (émigrés et prêtres réfractaires) se faisant agressive ainsi qu'à une Assemblée constituante aux mesures trop timorées, les Jacobins se présentent plus dynamiques et accueillent les revendications du peuple.

Des dissensions internes vont apparaître, elles éclatent lors de la crise qui suit la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes. Les plus modérés qui craignent l'action directe, quittent le Club pour le couvent des Feuillants. Robespierre et Pétion demeurent environ les seuls élus rue St Honoré, mais les sociétés affiliées témoignent une fidélité générale à la Société mère. Désormais l'esprit du Club sera radicalement transformé. Robespierre a dorénavant une influence grandissante au sein de la Société, il va la rendre plus vivante, plus agressive que jamais en lui redonnant de la vigueur en l'épurant. En septembre 1791, on compte 1 000 sociétés affiliées. L'action du Club se dirige contre la Constituante qui se trouve étouffée par les ramifications de cette puissance sur tout le territoire.

Le 12 octobre 1791 les Jacobins ont décidé d'installer des tribunes dans la salle des séances, l'introduction de spectateurs au Club facilite les solutions les plus extrêmes.

Le Club joue un rôle occulte dans la journée du 10 août (un certain nombre de ses membres vont siéger dans les organismes révolutionnaires : commune de Paris, tribunaux, etc. ). Cependant de juillet à septembre 1792 le Club semble perdre légèrement de son influence.

La prise de pouvoir

Tout change lorsque Robespierre, une fois débarrassé de Brissot en octobre 1792 prend en main la destinée du Club. Les Jacobins deviennent alors une puissance dominante. Le 22 septembre 1792, la Société des Amis de la constitution s'était jusque là débaptisée solennellement et avait décidé de s'appeller «Société des Jacobins amis de la liberté et de l'égalité ». Le Club des Jacobins ainsi ressaisi joue un rôle d'opposition à la majorité de la Convention (Girondins, Modérés). Pour cela, Robespierre et le Club s'appuient davantage toujours sur le peuple. En 1793, les Jacobins se reconnaissent progressivement comme le peuple infaillible. Ils deviennent de plus en plus irréductibles et résolus, ce qui accroît leur rayonnement et leur influence. Ils contribuent à la mort du Roi, ils marquent la politique d'intimidation pour arracher des votes cruciaux tandis que la majorité parlementaire demeure acquise aux chefs de la Gironde. Ce sont eux qui organisent la journée du 2 juin 1793 provoquant ainsi la chute des députés Girondins.

Après la disparition des Girondins, les Jacobins exercent une tutelle sur la Convention et ce sont eux qui gouvernent. Les membres du Comité de salut public sont Jacobins de même que l'ensemble des membres des comités de gouvernement. La plupart de Montagnards fait aussi partie de la Société. L'unique rouage en l'An II qui leur échappe toujours est la Commune de Paris mais après l'élimination des Hébertistes en Germinal An II, la Commune est désormais noyautée par les Jacobins. À la fin de Germinal, ils exercent sans contrepoids leur autorité sur l'Assemblée où la fin des Factions (Hébertistes, Dantonnistes) assure l'unité de l'action législative.

Fin du Club

Début 1794, on pense que la Société compte 5 000 filiales dans toute la France. Elle n'a jamais été aussi puissante, elle semble arriver au point d'unité que Robespierre espère tant, mais bientôt des oppositions apparaissent au sein du Club que la semi-retraite de Robespierre en Fructidor facilite.

Le 9 Thermidor, le Club se montre impuissant à défendre son chef de file. Il n'a pas su rallier les masses. Les exécutions des 10-11-12 Thermidor décimèrent l'État-Major du Club. Il ne s'en remettra pas, la Réaction thermidorienne se chargera de mettre un terme à l'action du Club, les Jacobins étant reconnus comme les uniques instigateurs de la Terreur.

Le 12 novembre 1794, le Club ferme définitivement ses portes sur décision de la Convention Nationale.

Les Néo-Jacobins

Article détaillé : Club du Manège.
Article détaillé : Club du Panthéon.

Analyse

De 1792 à 1794, les Jacobins ont exercé les fonctions de commandement et ont été les artisans de la victoire. Les Jacobins ont pu dominer politiquement le pays uniquement parce qu'ils avaient une idéologie qui se calquait aux besoins du moment. Cette idéologie, Robespierre s'en est fait le porte-voix.

Il faut noter le contraste entre la doctrine du jacobinisme et ses actes. On parle fréquemment des Jacobins comme d'une minorité agissante, parfois fanatique qui utilise la Terreur (épurations, exécutions). Mais on loue tout autant son héroïsme lorsqu'il a dû faire face aux forces coalisées et lorsqu'il a su vaincre. Toute une série de paradoxes jalonnent l'histoire du jacobinisme.

Politiquement, ce sont des démocrates, ils comprennent l'obligation d'une révolution politique conçue pour assurer à l'ensemble des hommes un régime dont la charte s'inscrit dans la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen et que résume le slogan Liberté-Égalité-Fraternité (la notion de fraternité n'apparaissant cependant qu'en 1848). En 1789 les Jacobins étaient monarchistes, en 1793 ils sont devenus des républicains fervents. Le Club est toujours à l'avant-garde politique même si le personnel politique jacobin change. Les Jacobins de l'An II ont pour référence Rousseau et Du contrat social et l'idée de démocratie directe.

Socialement, ils demeurent des démocrates bourgeois respectueux de la propriété (même en l'An II, leur composition sociale restera principalement bourgeoise et artisanale). Ils désirent par-dessus tout l'établissement de la petite propriété, ils refusent la loi agraire mais ils condamnent tout autant la très grande propriété regardée comme étant un facteur d'oppression. Ils sont ardemment patriotes, ils observent un culte fervent à la Patrie inséparable de la liberté qu'on doit défendre si elle est attaquée : «La République française ne traite pas avec un ennemi sur son territoire», telle est la maxime jacobine.

Purges

Il est vrai cependant que l'histoire du jacobinisme est aussi l'histoire des scrutins épuratoires. On a fréquemment défini le Club comme une sorte d'inquisition prompte à éliminer au nom de l'orthodoxie. En effet, l'aggravation des périls intérieurs et extérieurs, la violence des convulsions économiques montrent aux Jacobins l'obligation de l'obéissance à la doctrine, seule sauvegarde de l'unité, elle-même seule capable de faire face aux périls. Pour sauvegarder l'unité, l'épuration leur paraît indispensable.

L'épuration se fait toujours de la même manière, quiconque s'éloigne de la ligne jacobine est bientôt signalé comme suspect au Club. Ils transforment ces adversaires, ces suspects en ennemis publics et préparent en première instance si on peut dire, le dossier qui les enverra à l'échafaud.

La Société exerce un magistère d'orthodoxie sur la Convention d'une part et sur la totalité de l'opinion révolutionnaire d'autre part.

La doctrine jacobine implique une volonté de sacrifice individuel à des principes qui dépassent pour le bien de tous l'intérêt de chacun. «Être jacobin» demeure être un homme à principe prêt à sacrifier son bonheur et sa vie même au triomphe des idées politiques et sociales que proclame la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, et au Salut de la Patrie.

Gaston-Martin considère les Jacobins comme des fanatiques qui ont admis l'obligation pour vaincre du «despotisme de la liberté».

Énormément d'auteurs ont oublié la doctrine jacobine pour ne voir dans le jacobinisme qu'une vaste machine à épurer. Les Jacobins ne sont plus qu'une oligarchie militante substituée au peuple et parlant en son nom. Ils forment le temple d'une orthodoxie où l'unité et l'unanimité sont de mise. Personne n'est à l'abri du soupçon et de l'épuration.

D'autres historiens, peut-être moins nombreux, reconnaissent aux Jacobins de la grandeur et sans oublier le sang versé, ils les considèrent comme les sauveurs de la patrie.

Ces deux versions opposées du jacobinisme montrent à quel point il est complexe d'avoir une vision impartiale du problème. Le jacobinisme est l'idéologie la plus radicale de la Révolution. Étant radicale par ses moyens sinon par sa doctrine, il est logique qu'elle ait eu ses admirateurs et ses détracteurs et cela jusqu'à nos jours.

Enfin le Club a accentué la centralisation déjà beaucoup amorcée sous la Monarchie absolue par l'intermédiaire de ses militants membres du gouvernement révolutionnaire ou représentants dans les départements ou aux armées. La dictature parisienne étant parue indispensable au Salut de la Patrie.

Cette doctrine n'est pas sans contradiction comme le montre Claude Mazauric dans le Dictionnaire de la Révolution , contradiction qui est responsable en partie de son échec. Sur le plan économique surtout, contradiction entre sa volonté de faciliter l'accès à la propriété pour le plus grand nombre et le respect de la propriété privée. Contradiction entre sa volonté de préserver une certaine liberté de commerce et le besoin momentané de la taxation.

Les oppositions dans le peuple viennent d'une certaine déception sociale. La doctrine jacobine étant modérée si on la compare à certains mouvements comme les Hébertistes ou les Enragés qui sont indéniablement plus près du petit peuple.

Entre la Réaction thermidorienne et les préliminaires de la Révolution de 1848, le jacobinisme a cessé quasiment d'exister. Il est entré dans la légende. Les Jacobins durant les monarchies censitaires demeurent des conspirateurs, ils ne sont pas légaux. Ils prendront part à la révolution de 1848, comme ils ont pris part à l'ensemble des insurrections de 1830 à la seconde République. Le jacobinisme est passé rapidement dans l'héritage républicain par l'intermédiaire d'un ancien ami de Babeuf, Buonarroti qui a publié en 1828 un ouvrage sur la Conjuration des Égaux qui fut la bible des républicains révolutionnaires (comme Blanqui, Raspail, Louis Blanc, etc. ), le jacobinisme a mauvaise presse chez les historiens libéraux de la Restauration qui sont aussi, tels Guizot ou Thiers, les hommes politiques du Régime de Juillet.

Héritage

1793 et le jacobinisme représentent pour les «Bien Pensants» de l'époque le souvenir d'une atteinte à la propriété. La peur des «Rouges» au cours de la seconde République est significative. À l'Assemblée, des débats particulièrement vifs ont opposé Tocqueville, un libéral, et Ledru-Rollin, un radical, sur ce qu'il faut prendre comme héritage de la Révolution française. Le premier se limite à l'héritage de 1789, le second revendique celui de 1793 et par conséquent le jacobinisme. Cette peur des «Rouges» et du jacobinisme associés à la Terreur vont amener les libéraux à se rapprocher de Bonaparte.

Toute la vie politique au XIXe siècle est marquée par ces oppositions, les politiques sont obsédés par la Révolution. La peur de la «Dictature jacobine» va renaître toujours lors de la Commune de Paris de 1871 réprimée dans le sang. Mais l'héritage jacobin va passer dans le patrimoine de la Troisième République débarrassée cependant du sang et de la violence, jacobinisme consensuel indispensable pour fonder la République en ralliant les Orléanistes.

Le 29 janvier 1891, Georges Clemenceau met n'importe qui d'accord en considérant la Révolution comme un bloc, le jacobinisme fait par conséquent partie intégrante de l'héritage révolutionnaire («La révolution est un bloc dont on ne peut rien distraire» prononcé lors d'un discours au parlement).

Aujourd'hui, existe toujours cette dissociation 1789-1793 puisque le jacobinisme s'est toujours inscrit dans les enjeux idéologiques du XXe siècle, (la Révolution russe par exemple, dont on sait à quel point ses auteurs se sont inspirés du moins en partie de la tradition jacobine). Certains auteurs ont vu le pouvoir jacobin dans les structures politiques qu'elle mit en place. Le jacobinisme pour eux se trouve à l'origine des États totalitaires.

Le jacobinisme se situe par conséquent au centre d'un débat idéologique qui n'a pas cessé depuis bientôt deux siècles. Il est le premier Parti constitué (ses membres cotisent, ses leaders sont puissants dans l'opinion, et il a un programme) et une force politique de premier ordre durant la Révolution. C'est pour cela qu'il a marqué les mémoires et qu'il reste actuellement un objet de polémique. Il est révélateur que lors du bicentenaire de la Révolution, la France ait fêté avec tant d'éclat 1789 mais pas les événements de 1793 où les Jacobins ont joué un si grand rôle.

Actuellement, quels sont les partis politiques jacobins ? Selon François Furet, la tradition jacobine peut plaire aux gaullistes (par exemple, le parti Debout La République, dirigé par Nicolas Dupont-Aignan), aux communistes, ainsi qu'à la tendance jacobine existant à l'intérieur du Parti Socialiste. Dans son article sur le jacobinisme, François Furet écrivait cette définition en 1992, c'est-à-dire à une époque où Jean-Pierre Chevènement était toujours membre du Parti Socialiste :

«L'élasticité sémantique du terme, dans la politique française de cette fin du XXe siècle, témoigne de ce travail du temps. Jacobinisme ou jacobin peuvent y désigner, selon les cas, des préférences particulièrement diverses : l'indivisibilité de la souveraineté nationale, la vocation de l'Etat à transformer la société, la centralisation gouvernementale et administrative, l'égalité des citoyens garantie par l'uniformité de la législation, la régénération des hommes par l'école républicaine, ou simplement le goût sourcilleux de l'indépendance nationale. Dans cette nébuleuse de sens domine toujours la figure centrale de l'autorité publique souveraine et indivisible, dominant la société civile ; ce qui est après tout un paradoxe, s'il est vrai que l'histoire du club des Jacobins est celle d'une incessante usurpation sur la Convention, régulièrement investie de la souveraineté du peuple par l'élection de septembre 1792. Mais ce paradoxe – outre qu'il en dit peut-être long sur la faiblesse de la tradition juridique en France et sur la tyrannie vague des souvenirs historiques – exprime aussi au bout de deux siècles une espèce d'embourgeoisement du jacobinisme, passé de l'état de patrimoine révolutionnaire au statut de propriété nationale. Parvenu à ce stade éminent de dignité historique, le concept a perdu tout caractère subversif et aussi, comme on l'a vu, tout sens précis ; mais en évoquant dans les mentalités les vertus d'un Etat fort, porteur du progrès et figure imprescriptible de la nation, il sert à joindre sa tradition à celle qui l'a précédée ainsi qu'à celle qui l'a suivie, et de recoudre ce que la Révolution avait déchiré : formant un pont entre l'ancienne monarchie et l'Etat napoléonien, la tradition jacobine retrouve un air de famille. Si quoiqu'elle peut aussi faire une place à la droite et diviser la gauche ; plaire aux gaullistes comme aux communistes, et tracer une ligne de démarcation à l'intérieur du parti socialiste.»

(François Furet et Mona Ozouf, Dictionnaire critique de la Révolution française, Idées, Champs Flammarion, p. 243)

Les Jacobins pour une langue commune des citoyens

La Révolution a justifié l'imposition d'une langue commune pour l'ensemble des citoyens par le principe de droits communs pour l'ensemble des citoyens. Cette langue commune a été le français, qui était déjà beaucoup répandu comme langue d'échange sous la Royauté, au sein de l'aristocratie et de la bourgeoisie.

La tradition jacobine, qui facilite la primauté d'une langue véhiculaire commune à l'ensemble des citoyens, au nom d'une libération personnelle face aux pesanteurs socio-culturelles locales, est fréquemment définie à partir du rapport de Barère sur les idiomes étrangers et l'enseignement de la langue française présenté à la Convention nationale au nom du comité de salut public le 8 pluviôse an II (27 janvier 1794), même si ce dernier ne fait plus partie du club des Jacobins depuis la crise de rupture des Feuillants et n'exprime pas une opinion propre aux seuls révolutionnaires jacobins[1]. Dans ce discours, il nomme à populariser la langue française[2].

Certains auteurs ont voulu rechercher les actions contre les langues locales paysannes effectués suite à ce discours, au cours de la Révolution.

Cette tradition se retrouve chez certains dirigeants politiques républicains français, comme Chevènement, Jean-Luc Mélenchon, opposés à l'enseignement obligatoire des langues régionales ou minoritaires à l'école.

Dans cette conception, l'acquisition d'une langue locale, perdue ou existante, est une liberté personnelle, les citoyens devant avoir la garantie d'une langue commune qui est membre du droit à l'égalité, à un droit commun dans la même langue, à une liberté de déplacement sur tout le territoire ; comme à un échange culturel, scientifique, littéraire, politique, social commun, dans les limites des frontières de l'Etat-nation.

Les Jacobins des pays d'Europe, ainsi qu'aux Amériques

Dans nombre de pays d'Europe, des réseaux reprenant les méthodes et le nom des Jacobins s'organisent, pour acquérir la liberté politique et de conscience, la fin de la domination de l'aristocratie, la garantie d'une constitution basée sur le peuple souverain. C'est le cas en Italie, en Pologne, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre et en Irlande, aux Pays-Bas, en Suisse, en Autriche-Hongrie, dans l'Empire Ottoman. Ce mouvement s'appuie sur la Révolution française, les occupations militaires venant des guerres de défenses de la Révolution, et les républiques-sœurs. Il est en même temps entravé par le Directoire, le Consulat et le bonapartisme. En prolongement de ces réseaux, ou en écho à ce qui est rapporté de la Révolution française, des groupes se forment aux USA, aux Caraïbes, au Brésil [3].

Bibliographie

Ouvrages historiques
Documents
Articles de presse

Liens externes

Notes et références

  1. Il fait suite au rapport Talleyrand de septembre 1791 et au rapport Lanthenas du 18 décembre 1792. Voir Anne Judge, «French : a planned language?» in Carol Sanders, French TodayLanguage in Its Social Context, Cambridge University Press, 1997, 337 pages, p. 25 (ISBN 0521396956) .
  2. Bertrand Barère, Rapport du Comité de salut public sur les idiomes
  3. Michel Vovelle, Les jacobins. De Robespierre à Chevènement

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