Arditi del Popolo

Arditi del Popolo est une organisation antifasciste née en 1921 de la scission de la section romaine des Arditi d'Italie sur l'initiative d'un groupe d'inscrit emmené par le sympathisant anarchiste Argo Secondari...



Catégories :

Antifascisme - Régime fasciste italien - Histoire contemporaine de l'Italie - Organisation antifasciste - Organisation anarchiste - Anarchisme - Résistant

Arditi[1] del Popolo (soldats du peuple) est une organisation antifasciste née en 1921 de la scission de la section romaine des Arditi d'Italie sur l'initiative d'un groupe d'inscrit emmené par le sympathisant anarchiste Argo Secondari et soutenu par Mario Carli[2] : l'objectif de la scission est de s'opposer à la violence des chemises noires.

Ce mouvement s'oppose aux expéditions punitives fascistes et crée de véritables milices pour la protection des quartiers et des centres objet des attaques armées de la part des "squadristi" fascistes. Pour synthétiser, les Arditi del Popolo est l'organisation militaire du front uni à fortes composantes anarchistes et communistes auquel s'ajoutèrent les formations de défense prolétarienne.

Citations

«Tant que que les fascistes continueront à brûler nos maisons du peuple, maisons sacrées des travailleurs, tant que les fascistes assassineront les frères ouvriers, tant qu'ils continueront la guerre fratricide, les Arditi d'Italie ne pourront rien avoir de commun avec eux. Un sillon profond de sang et de décombres fumants divisent les fascistes et les Arditi.»

Déclaration du lieutenant Argo Secondari, plusieurs fois décoré au cours de la Première Guerre mondiale. À l'assemblée des Arditi del Popolo du 27 juin 1921, rapporté par l'«Umanità Nova», Rome, 29 juin 1921

«Bien loin du patriotard requin, fier de notre orgueil de race, conscients que notre Patrie est à l'endroit où se trouvent les peuples opprimés : Ouvriers, masses laborieuses, Arditi d'Italie À NOUS!»

synthèse d'une partie de documents de la police de Rome 1922

Les origines

La plupart d'Arditi proviennent du mouvement fasciste même si l'adhésion n'est pas unanime ni majoritaire. Le rapport avec le fascisme n'a pas été toujours linéaire et il arrive, dans les périodes agitées, qu'il y ait des expulsions de l'association des Arditi d'Italie d'inscrits au Parti national fasciste (PNF).

Après la Première Guerre mondiale les Arditi affluent dans l'Association Arditi d'Italie, fondée par le capitaine Mario Carli, le même qui, après l'assaut de la maison du Travail de Milan par un groupe d'Arditi dont Tommaso Marinetti, rédigé l'article "Arditi non gendarmi" et brise l'entente instaurée entre les Arditi et le fascisme.

Les Arditi participent activement à la Régence italienne du Carnaro, puis à l'entreprise de Fiume sous le commandement de Gabriele d'Annunzio. Une des origines de l'apparition des Arditi del Popolo se trouve dans cette action où sont expérimentés des Légionnaires. Compte tenu de la présence de factions de la gauche révolutionnaire, cette entreprise est soutenue par Lénine qui voit en D'Annunzio un envisageable chef révolutionnaire. De son coté, D'Annunzio est influencé par les idées de de son ami Alceste De Ambris, syndicaliste révolutionnaire.

L'État libre de Fiume est anéanti par l'armée italienne qui participe avec un noyau de squadristi fascistes, l'épisode culminant de l'attaque militaire est passé dans l'histoire comme le Noël de Sang ).

Naissance

Les Arditi del Popolo naissent dans l'été 1921 de la section romaine des Arditi d'Italie. Son fondateur est Argo Secondari, lieutenant des flammes noires , plusieurs fois décoré. Secondari est de tendance anarchiste, comme l'ardito Gino Lucetti, responsable d'un attentat contre Benito Mussolini et qui donnera son nom au bataillon Lucetti qui agissait au cours de la résistance sur les monts de la haute Toscane.

L'apparition des Arditi del Popolo est même annoncé par Lénine dans la Pravda[2], l'Internationale Communiste est favorable à cette organisation comme on peut le lire sur le compte tendu de la rencontre entre Nikolai Bucharin et Ruggero Grieco, ce dernier représentant de l'aile bordighiste du parti communiste d'italie qui ne soutient pas cette initiative, (faction majoritaire et par conséquent qui engage l'ensemble des militants par discipline du parti). Il fut repris avec dureté par Bucharin pour cette position, lui rappelant que le parti révolutionnaire de classe était à l'endroit où se trouvait la classe dans toutes ses expressions et non dans des "discussions de salons" (voir Eros Francescangeli  : les Arditi del popolo). Non seulement le Parti communiste d'Italie se tient à l'écart de cette structure d'auto-défense face au fascisme, mais, par un communiqué paru dans "Il Comunista" du 7 août 1921, le Comité Exécutif menace des "plus sévères sanctions" ceux des siens qui en feraient partie.

Lors de la réunion du 14 septembre du comité exécutif de l'Internationale, le choix du PCd'I de ne pas participer au Front uni Arditi del popolo fut critiqué :

«Le parti a commis une sérieuse erreur sur la question des "Arditi del Popolo". La meilleure situation était d'unir sous notre direction de vastes masses. Le fait, qu'à la tête du mouvement, il y ait des éléments radico-bourgeois de tendance aventurière, ne peut servir de prétexte pour agir de cette manière. En Russie, nous avions pénétré les organisations policières pour recruter des soutiens. En Italie, la situation se présente de bien meilleure manière : il ne s'agit pas d'organisations policières... "»»

Certains dirigeants de la faction minoritaire du PCd'I dont Nicola Bomabacci sont favorables aux Arditi del Popolo. Ils suivent nettement les indications de l'Internationale communiste mais aussi Antonio Gramsci qui voit d'un bon œil la montée du Front Uni Arditi del Popolo, comme avec l'acuité politique qui le distingue, il avait cherché à rencontrer Gabriele D'Annunzio au travers du lieutenant philocommuniste de la Légion de Fiume Marco Giordano. Sur l'Ordine Nuovo du 8 juillet 1922 sur les Arditi del Popolo on peut lire :

«la première tentative de rescousse ouvrière contre les hordes de la réaction»

et le 15 juillet Antonio Gramsci :

«Ce sont les communistes qui sont opposé au mouvement des Arditi del Popolo? Absolument pas; ils aspirent à l'armement du prolétariat, à la réaction d'une force armée qui soit en mesure de battre la bourgeoisie et de présider l'organisation et le développement des nouvelles forces productives générées du capitalisme»

Personnages et actions

drapeau utilisé par les Arditi del Popolo

Les Arditi del Popolo comprenaient 20 000 hommes, d'autres estimations évoque le nombre de 50.000 hommes en considérant les inscrits, les sympathisants et les participants aux actions.

Parmi les Arditi del Popolo devenus célèbres, il y a Riccardo Lombardi (non inscrit mais participant aux actions), Giuseppe Di Vittorio, Vincenzo Baldazzi (dit Cencio) ; de nombreux Arditi tombèrent au cours de la guerre d'Espagne en combattant[3] contre les troupes franquistes. Alberto Acquacalda est un autre personnage important des formations antifascistes des Arditi del Popolo de la région de Ravenne, il fut assassiné par un groupe de fascistes.

Article détaillé : Barricades de Parme en 1922.

L'évènement qui eut l'écho principal fut sans aucun doute l'engagement des Arditi del Popolo dans la défense de Parme contre les squadristi fascistes en 1922 : la version la plus accrédité parle de 20 000 squadristi fascistes, en premier lieu sous les ordres de Roberto Farinacci puis de Italo Balbo, qui ont attaqué et ont été repoussés et mis en fuite par à peine 350 Arditi del Popolo, commandés par Antonio Cieri et Guido Picelli qui mourront en Espagne). L'appui en masse de la population mais aussi l'action des femmes qui assuraient le ravitaillement et participèrent aux combats fut essentiel pour la résistance et la victoire. L'historien Renzo del Carria consacre un chapitre de son ouvrage Prolétaires sans révolution (proletari senza rivoluzione) au titre significatif : «La juste ligne non suivie; Parme comme exemple d'une victoire de la résistance politico-militaire contre le fascisme.»

L'échec face au fascisme

Une certaine continuité peut être constatée entre les Arditi del Popolo et la Résistance même si les objectifs étaient particulièrement différents : Les Arditi, quoique d'horizons particulièrement divers était globalement pour la formation d'une République avec une base progressiste extrême comparativement à celle qui créera la République italienne.

Selon certaines thèses, les Arditi auraient pu battre le fascisme s'ils n'avaient pas été abandonnés par les démocrates et par le néo parti communiste qui contrevenait aux consignes de l'Internationale communiste qui avait explicitement demandé d'appuyer les Arditi. Peu de dirigeants du PCd'I les soutenaient, dont Antonio Gramsci (extrait d'article de Gramsci, comme déjà expliqué et par conséquent la faction était minoritaire).

Tom Bhean, historien du fascisme, affirme :

«Complexe de dire si une plus grande unité entre les Arditi del Popolo et la gauche aurait pu arrêter le fascisme. Mais cela ne se produisit pas en raison du sectarisme du PCd'I et des division du PSI.»

Écrire l'histoire au conditionnel est toujours complexe, mais des faits, comme la défense de Parme en août 1922, sont là pour attester ce qu'a rappelé en 1945 Daniel Guérin dans Fascisme et grand capital : à l'endroit où la population opposait une résistance organisée, elle l'emportait.

La haine des fascistes se déchaina en particulier contre les chefs des Arditi del Popolo, qui furent emprisonnés et massacrés par les squadristi, fréquemment avec le soutien des organes de police de l'état.

Les Arditi del Popolo dans le cinéma et la littérature

Parmi les œuvres inspirées, on notera "Chroniques des pauvres amants" ("Cronache di poveri amanti"), film de Carlo Lizzani selon un ouvrage de Vasco Pratolini; un des personnages Maciste (interprété par Adolfo Consolini), ex Ardito del Popolo est assassiné par les squadristi. Dans son ouvrage ""Le voyage mystérieux" ("Il viaggio misterioso"), Alberto Bevilacqua parle des Arditi del Popolo, même cela ne forme pas la trame centrale du livre. Plus récemment Pino Cacucci a dédié son "Oltretorrente"[4] aux évènements des Arditi del Popolo à Parme dans les années vingt et leurs luttes contre les agressions fascistes au cours des mois qui précédent la marche sur Rome en octobre 1922. Les Arditi del Popolo mais aussi Gino Lucetti, ont inspiré quelques chansons populaires et de partisans comme le "Battagione Lucetti" de Maurizio Maggiani dans "Coraggio del pettirosso".

Bibliographie

Liens externes

Notes et références

  1. Ardito sert à désigner un soldat des troupes de choc italiennes au cours de la première guerre mondiale
  2. [1] synthèse de Liparoto ANPI
  3. Les premiers combattants intégrèrent dès la fin du mois de juillet 1936 la Section italienne de la Colonne Ascaso créé par Carlo Rosselli
  4. L'oltretorrente fut anciennement le quartier populaire de Parme

Recherche sur Google Images :



"FRANCESCANGELI, ARDITI DEL"

L'image ci-contre est extraite du site paolodorigo.it

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (781 x 1176 - 420 ko - gif)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :




Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Arditi_del_Popolo.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 10/12/2009.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu